Les évêques du Québec réagissent à l'abolition du cours ECR
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RÉACTION DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DU QUÉBEC À LA SUITE DE L’ANNONCE
DU NOUVEAU PROGRAMME D’ÉTUDES CULTURE ET CITOYENNETÉ QUÉBÉCOISE
Montréal, le 25 octobre 2021 – Les évêques catholiques du Québec prennent acte de l’annonce, par le ministre de l’Éducation du Québec, du remplacement du programme d’études Éthique et culture religieuse (ECR) par un programme intitulé Culture et citoyenneté québécoise. En tant que citoyens québécois porteurs d’une foi partagée par de nombreuses personnes, et solidaires d’autres groupes religieux bien présents au Québec, les évêques sont inquiets des conséquences qu’entraînera l’évacuation radicale des notions de culture religieuse du cursus scolaire. Ils croient qu’un accroissement de la méconnaissance du fait religieux en découlera inévitablement. Cette méconnaissance risque en retour de nourrir les préjugés et d’augmenter la polarisation sociale, plutôt que d’aider les élèves à cheminer vers la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun.
Dans le cadre des brèves consultations en ligne organisées par le ministre de l’Éducation en janvier et février 2020, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) a déposé un mémoire intitulé L’importante complémentarité de l’éthique et de la culture religieuse dans le Québec d’aujourd’hui et de demain. Elle recommandait notamment que la révision du programme, processus normal après dix ans d’existence, prête une attention particulière aux demandes des enseignantes et enseignants, qui connaissent bien les réalités sur le terrain. Cette recommandation ne semble malheureusement pas avoir été entendue.
Dans son mémoire, l’AECQ expliquait aussi que le phénomène religieux doit être abordé à l’école publique de façon nuancée et objective, dans sa pluralité indéniable. Le programme ECR cheminait dans la bonne direction en prenant pour finalités la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun. L’expérience religieuse est une dimension centrale de la vie de plusieurs citoyennes et citoyens. C’est une dimension fondamentale de l’expérience humaine en tant que telle. Il s’agit aussi d’une dimension déterminante de l’histoire et de la culture du Québec, non seulement en raison de l’importance historique du catholicisme, mais aussi en raison de la longue coexistence pacifique de plusieurs traditions religieuses sur le territoire.
Le programme annoncé dimanche dernier semble malheureusement faire l’impasse sur tous les aspects qui pouvaient être regroupés sous le nom de « culture religieuse ». Ce faisant, il va notamment à l’encontre de la recommandation du Conseil supérieur de l’éducation qui, dans son avis de février 2021 intitulé La révision du programme Éthique et culture religieuse : vers une transition réussie, invitait le ministre à « maintenir un enseignement non confessionnel et laïque qui vise la connaissance des faits religieux, des spiritualités des Premières Nations et des Inuits et des visions séculières du monde dans la formation primaire et secondaire ».
Méconnaître le fait religieux, c’est, par exemple, ignorer le fait qu’il est possible à la fois de croire en Dieu et de pratiquer la pensée critique, comme l’ont fait de nombreuses personnes jusqu’ici. C’est aussi négliger la diversité interne des différentes traditions religieuses et la complexité des parcours de vie des personnes croyantes. Une telle méconnaissance ouvre la porte aux préjugés et aux attitudes extrêmes à l’endroit des personnes croyantes, alors qu’elles forment une partie significative de la population québécoise. Cette méconnaissance risque également de favoriser le repli sur soi, la polarisation sociale sur des questions comme le type de laïcité qui convient aux institutions québécoises, voire la radicalisation des positions sur les questions de sens.
La religion demeure un enjeu de société, au Québec comme ailleurs, et ce fait ne disparaîtra pas du jour au lendemain en évacuant la culture religieuse du programme scolaire. Face à cet enjeu majeur, qui a des résonances individuelles et collectives complexes, et qui concerne les fondements mêmes de nos expériences et de nos valeurs communes, il vaudrait mieux affiner nos approches éducatives et nuancer les contenus proposés aux élèves, plutôt que de tenter de les balayer sous le tapis.
En conclusion, les évêques catholiques du Québec souhaitent que les nombreuses inquiétudes exprimées par plusieurs intervenantes et intervenants de la société civile, à la suite de l’annonce de dimanche dernier, soient prises en compte dans l’élaboration des détails du nouveau programme d’études, qui restent à déterminer. Il est encore temps de reconnaître à sa juste mesure l’importante complémentarité de l’éthique et de la culture religieuse pour le Québec.
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Informations :
Mgr Pierre Murray, C.S.S, secrétaire général
Assemblée des évêques catholiques du Québec
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