ÉLECTIONS PROVINCIALES 2018 : SOYONS RESPONSABLES!
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Message de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec
à l’occasion des élections générales québécoises de 2018
Les Québécoises et les Québécois vivront, dans quelques semaines, un moment important de notre vie politique et démocratique. À la veille des élections générales du premier octobre 2018, les évêques catholiques du Québec souhaitent partager quelques réflexions et convictions inspirées de l’Évangile qui fonde notre foi et qui façonne notre humanité.
En ces temps où le cynisme dévalorise les institutions publiques et les gens qui s’y impliquent, il nous paraît important de redire la place importante occupée par la gouvernance politique dans l’organisation de notre vivre ensemble. C’est en effet à travers la vitalité de nos institutions gouvernementales et démocratiques que se construit notre société sur la base des valeurs que nous désirons promouvoir collectivement.
Les personnes qui s’engagent en politique méritent notre estime pour leur engagement personnel et notre respect pour leur fonction. Ce respect s’exprimera de la manière la plus éloquente lorsque nous irons voter pour la personne que nous estimerons la meilleure pour assumer cette responsabilité. Autant les personnes qui s’engagent dans la vie politique que celles qui auront à les élire sont appelées à se laisser éclairer et interpeller par la vision du monde qu’inspire l’Évangile. Ce regard évangélique est sans cesse actualisé par l’enseignement social de l’Église à propos des grands principes d’égalité et de justice, de fraternité, d’ouverture à l’autre et de solidarité, de liberté et de respect, qui doivent façonner notre vie en société.
Par exemple, l’Évangile nous appelle clairement à respecter la dignité de chaque personne humaine, du moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle, à respecter la liberté de conscience, à accueillir l’autre dans ses différences, à être sensibles aux personnes réfugiées et déplacées, à être attentifs aux plus fragiles et démunis d’entre nous et à chercher une juste répartition de la richesse collective. Plus particulièrement, le pape François nous appelle à développer une attention toute particulière à l’environnement, notre « maison commune », que nous sommes appelés à regarder comme un don fait par Dieu à l’humanité, que cette dernière a le devoir de respecter et de protéger.
Inspirés par notre foi, il nous revient donc, comme un devoir en tant que membres de la communauté humaine, de nous informer du programme de chacun des partis politiques. Plus près de nous, il faut s’intéresser à la position de chacune des candidates et de chacun des candidats à propos des grands enjeux actuels de notre société, afin de savoir lequel propose des mesures qui vont dans le sens promu par l’Évangile et par l’enseignement social de l’Église.
Il est toutefois évident qu’aucun programme, quel qu’il soit, ne pourra répondre à toutes nos attentes en tant que femmes et hommes de foi. Comment alors discerner le meilleur ? Ne retenir qu’un seul critère de discernement pour départager les différents programmes ne pourrait suffire à fonder entièrement un choix électoral. Le monde dans lequel nous vivons et celui que nous voulons construire sont des réalités complexes et appellent à un discernement qui tient compte de plusieurs facteurs qui sont parfois, malheureusement, contradictoires entre eux : respect de l’environnement ou développement économique, réduction des impôts ou élargissement des protections sociales, etc.
Comme le répétait souvent le Cardinal Turcotte, « la politique est l’art du possible ». En écho à son propos, il nous paraît donc nécessaire de savoir discerner quel programme sera, à nos yeux, à la fois le plus fidèle à notre foi et le plus pertinent pour notre société. Il revient donc à chacune et à chacun, face à sa conscience et dans la prière, après s’être informé, avoir réfléchi et discuté avec d’autres, d’accorder son vote à la personne et au parti politique dont les orientations et la vision correspondent le mieux, à nos yeux, à l’idéal évangélique que le Seigneur Jésus a proposé pour construire une humanité nouvelle.
Nous pourrions courir un grand risque, en tant que collectivité québécoise, si nous renoncions à vouloir façonner une maison commune plus habitable et si nous cédions à la tentation du fatalisme devant la complexité des problèmes. Les difficultés que rencontre parfois une société comme la nôtre ne devraient pas inspirer un appel au renoncement, mais pousser à l’action en vue d’édifier un monde plus juste et fraternel.
En participant à l’élection provinciale du premier octobre prochain, nous contribuerons à donner des mots et des moyens à notre foi, pour construire un monde qui prendra un peu plus la saveur de l’Évangile. C’est pour cela que chaque vote est un geste en faveur d’une société meilleure, celle que nous désirons tous et toutes.
+ Noël Simard
Évêque de Valleyfield
Président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec
Ce message est le fruit du travail
du conseil Église et Société